La technologie numérique révolutionne l’ingénierie du bâtiment en assainissant providentiellement la partition des métiers et le cloisonnement des services. Le BIM, que nous avons intégré il y a déjà trois ans, dépasse aujourd’hui sa fonction technique initiale : il induit l’interaction des spécialités et en confronte inévitablement les méthodes et les outils. Cette constatation est à l’origine d’une mission interne d’homogénéisation de nos processus pluridisciplinaires, baptisée Cellule Synthèse et menée par Laurent Dutruel et Rodrigo Morales. 4 questions leur sont posées pour bien comprendre les tenants et aboutissants de la démarche.
A+W. quel a été le facteur déclenchant de votre mission ?
Laurent Dutruel. L’arrivée de Rodrigo Morales, nouveau responsable de notre département BIM, a donné lieu à de passionnants échanges avec les différents départements concernés par la modélisation. Nous avons saisi cette occasion pour identifier les processus potentiellement transversaux, et en analyser les outils de gestion.
Rodrigo Morales. Le BIM est une révolution dans l’ingénierie du bâtiment ; il intéresse la plupart de ses disciplines. Après un premier tour d’horizon utile à évaluer notre niveau de maîtrise, j’ai constaté la nécessité d’améliorer le niveau de formation des fonctions impactées par le BIM, du projeteur au responsable de production. Nous savons que le BIM constituera à très court terme un élément transversal stratégique dans la plupart de nos projets. De là est née l’idée d’aller plus loin et d’homogénéiser l’ensemble de nos outils informatiques.
Quels objectifs poursuivez-vous ?
Laurent Dutruel. Il s’agit de coordonner les techniques afin de gagner en interaction et en efficacité. Nous souhaitons mettre en place des outils communs et actualisés. Face aux grands groupes internationaux, il est crucial pour A+W d’être normalisé, de hisser sa technologie aux meilleurs standards et d’accroître sa compétitivité.
Rodrigo Morales. L’objectif est donc de déployer à partir de janvier 2020 l’ensemble de nos développements IT produits ces derniers mois. Cela a suscité une refonte globale de notre architecture fonctionnelle et de nos process de production techniques pluridisciplinaires. Dans un monde qui bouge sans cesse, où rien n’est acquis d’avance, nous marquons en ce sens notre capacité de remise en cause et notre volonté indéfectible de rester à la pointe de l’innovation technique tant d’aujourd’hui que de demain.
En soi, qu’apporte l’homogénéisation des outils d’un département à l’autre ?
Rodrigo Morales. Un exemple : nous créons actuellement un pôle de modélisation commun qui réunira l’ensemble des projeteurs. L’usage d’un même ensemble d’outils augmentera la qualité et l’efficacité de traitement, mais aussi leur amélioration permanente grâce au partage des connaissances.
Laurent Dutruel. Il est évident qu’en réduisant les variantes méthodologiques, nous gagnons en fiabilité. Bien sûr, les changements intervenant sur des habitudes bien en place ne sont pas toujours faciles, mais la taille de notre entreprise justifie ces corrections de processus. Par exemple, l’implémentation du BIM chez A+W Genève a coïncidé avec sa propre évolution et la prise de conscience de son potentiel commercial dans la production de données structurelles des bâtiments. Son impact dans la planification et la gestion de nos délivrables ne fait pas de doute. Il s’agit maintenant d’exploiter notre expérience à ce niveau pour en faire profiter nos services et in fine, nos clients.
Comment envisagez-vous la phase de mise en place ?
Laurent Dutruel. Nous pensons pouvoir la réaliser en 1 mois, afin de ne pas perturber le quotidien des équipes. Nous planifions cette étape pour le début de l’année 2020.
Rodrigo Morales. Le BIM ouvre de tels horizons qu’il nécessite la mise à niveau des moyens informatiques de l’ingénierie. Nous devons agir vite pour maintenir notre avance sur nos confrères locaux, mais aussi rester crédibles face à la concurrence des structures européennes de grande taille.