La norme incendie AEAI 2015, un droit pour les usagers, un devoir pour les professionnels

Les nouvelles prescriptions suisses de protection incendie (PPI) de l’AEAI sont en vigueur depuis le 1er janvier 2015, 10 ans après l’entrée en vigueur de la norme éponyme. Emmanuel Decornoy, ingénieur «sécurité incendie» Amstein + Walthert, nous en décrit les grandes lignes.

En quoi consiste la norme AEAI ?
C’est une norme fixant les règles en matière de protection incendie dans la construction, validée par tous les cantons. Les prescriptions initiales ont été révisées et sont applicables depuis le 1er janvier 2015.

La Suisse est une référence mondiale en matière de protection incendie.

La nouvelle norme vise à améliorer le niveau de sécurité pour la protection des personnes et des biens, tout en optimisant la mise en adéquation entre les risques, l’investissement et les mesures de sécurité à appliquer. Cette norme prend en compte tout le spectre des éléments de construction : des éléments architecturaux (façades, structures, organisation des locaux..) aux éléments techniques (ventilation, électricité, sprinkler..) en passant par les éléments de revêtement, les ascenseurs ou encore le traitement des risques liés aux matières dangereuses.

Toutes les constructions sont-elles soumises à la norme ?
Oui, bien sûr, de l’habitat aux locaux à usage professionnel jusqu’aux grands bâtiments complexes, avec un large champ de prescriptions en fonction du niveau de risque. L’AEAI –qui est l’Association des Etablissements cantonaux d’Assurance Incendie– propose un service de conseil gratuit destiné aux architectes, ingénieurs, maîtres d’ouvrage, ainsi qu’à tous les professionnels de la construction.

La norme 2015 permet d’un côté d’appliquer des solutions simples, efficaces et rationnelles pour des bâtiments de petite dimension, tout en permettant, pour des objets plus grands et plus complexes, de mettre en œuvre des concepts de protection incendie plus innovants et ingénieux. Pour le secteur du bâtiment, il s’agit de disposer de prescriptions qui permettent aussi de ne pas démultiplier les coûts.

L’aspect économique est-il important ?
Oui, car la sécurité est à la fois une valeur et un coût.

Outre le bénéfice inestimable de la sécurité des personnes, une meilleure protection incendie est susceptible de réduire le coût des couvertures d’assurance, par la raréfaction des sinistres et de leurs conséquences.

La révision de la norme AEAI rapprochera également la Suisse des classifications de matériels et matériaux existantes au niveau européen, ce qui est un progrès intégratif important pour les entreprises de construction suisses.

Comment les incendies surviennent-ils en général et quelle est l’expertise d’Amstein+Walthert dans ce domaine ?
Dans de nombreux cas, ils partent des installations techniques du bâtiment. Les matériaux composant le bâtiment sont ensuite les vecteurs d’inflammabilité et de propagation du feu. Notre expertise, depuis de nombreuses années, consiste à connaitre parfaitement l’ensemble des normes applicables, afin de proposer les solutions les plus adaptées à chaque projet architectural, et à chaque solution technique envisagée. En ce sens, la synergie créée entre les différents départements au sein d’Amstein + Walthert (CVC, électricité, sanitaire, MCR..) nous permet de toujours proposer à nos clients des solutions performantes, innovantes et en phase avec les exigences règlementaires actuelles.

Comment vous êtes-vous préparés à la mise en vigueur de la nouvelle AEAI ?
Tous les collaborateurs du département sécurité Amstein+Walthert ont été formés à la révision 2015 des normes depuis l’année dernière. Les formations et examens nécessaires à la mise à jour de nos certificats AEAI pour cette nouvelle norme sont planifiés pour tous nos spécialistes en sécurité incendie en 2015. C’est une nécessité technique et juridique, car l’AEAI , qui est liée aux assurances, fixe les normes et dispense les formations et les agréments liés à la sécurité incendie.

Qu’apporte la nouvelle norme 2015 ?
Paradoxalement, une plus grande liberté architecturale mais aussi une meilleure adéquation entre les coûts liés à la mise en œuvre des mesures de protection incendie et le niveau de risque réel d’un bâtiment. Pour les grands bâtiments, plus complexes, de nouveaux outils ont été intégrés, notamment l’introduction des études d’ingénierie en ce qui concerne les systèmes porteurs soumis à des incendies, les systèmes de désenfumage et les flux d’évacuation des foules en cas d’incendie. Ces deux derniers points sont d’ailleurs des compétences d’Amstein + Walthert.

En quoi consiste l’ingénierie du désenfumage ?
C’est une technologie dans laquelle Amstein + Walthert possède une grande expérience. D’abord développés dans le cadre des simulations en thermique/énergie, nous avons par la suite adapté nos outils pour la réalisation d’études numériques de désenfumage. Il s’agit ici de modéliser le bâtiment étudié et son système de désenfumage en 3D, puis de simuler le développement d’un incendie afin de valider l’efficacité de l’installation d’évacuation de chaleur et de fumées, garantissant ainsi de bonnes conditions pour l’évacuation des personnes et l’intervention des secours en cas de sinistre. C’est innovant et d’une efficacité exceptionnelle. Cette prestation s’inscrit parfaitement dans le cadre de nos projets de recherche et développement sur le BIM (building Information Modelling). Nous réalisons également des études sur le flux d’évacuation des foules en cas de panique, c’est un grand progrès pour la sécurité des humains, qui reste au cœur de nos préoccupations !

Emmanuel Decornoy
Emmanuel Decornoy

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