Les prescriptions en matière de protection incendie édictées par l’AEAI permettent à la Suisse d’afficher l’un des plus hauts niveaux de sécurité au monde. Ces directives, comme les technologies, évoluent régulièrement. C’est pourquoi Amstein + Walthert a recruté Guillaume Bénis, un expert qui a travaillé plus de 10 ans pour l’ECA (Etablissement Cantonal d’Assurance contre l’incendie et les éléments naturels) du canton de Vaud. Il revient sur son parcours, ses fonctions chez A+W et sa vision quant à l’évolution de son domaine d’activité.
A+W. Quand et comment êtes-vous arrivé chez A+W Genève ?G.B. J’ai travaillé pendant 11 ans pour l’ECA du canton de Vaud. Quand les prescriptions de protection incendie de l’AEAI (Association des Établissements cantonaux d’Assurance Incendie, ndlr) ont été révisées en 2015, l’autorité a conservé un rôle essentiellement de supervision. C’est désormais le Responsable Assurance Qualité en protection incendie, imposé pour chaque projet de construction, qui conceptualise les projets au regard de la protection incendie. Dans ce contexte et parce que je souhaitais me rapprocher du terrain, j’ai souhaité intégrer le département Sécurité incendie de A+W Genève. J’occupe le poste de responsable de département depuis le 1er décembre 2019.
Quelles sont vos fonctions au sein de l’entreprise ?
Je dirige actuellement une équipe constituée de trois chefs de projet en sécurité incendie. Notre rôle est d’accompagner les projets de construction et d’assurer la protection des personnes et des biens dans le respect de la norme et les directives de l’AEAI en matière de protection incendie. Nous prenons différentes mesures à chaque étape du projet. Ces mesures peuvent être de différentes natures. Elles sont tout d’abord constructives : parois de compartimentage coupe-feu, protection des voies d’évacuation, etc. Les mesures sont ensuite d’ordre techniques, concernent l’éclairage de secours, les systèmes de détection incendie, l’installation de sprinklers, etc. Enfin, les mesures organisationnelles visent à assurer la maintenance et la bonne utilisation des bâtiments une fois livrés : organisation de l’instruction et de la formation des utilisateurs aux dispositifs de sécurité, élaboration de plans d’évacuation, etc.
Nous réalisons également des audits de sécurité incendie dans les bâtiments en exploitation afin d’en évaluer le niveau de sécurité puis de proposer les améliorations nécessaires et potentielles.
Comment travaillez-vous avec vos clients ?
Nous sommes souvent consultés très tôt en amont de la réalisation d’un projet. Ainsi nous pouvons déjà fixer des orientations précises. Nous conseillons notre client quant à l’économicité de la construction en matière de protection incendie. Nous lui proposons des variantes ou des solutions optimisées au meilleur « coût-conformité ». Nous nous adaptons à son objectif de sécurité, qui peut aller au-delà des exigences réglementaires. Quand c’est nécessaire, nous faisons appel à des spécialistes. Pour certains projets, nous pouvons en effet avoir besoin de tester des scénarios de feu. Des logiciels d’ingénierie permettent alors de modéliser une salle pour étudier l’évolution d’un feu, simuler l’évacuation des personnes, évaluer la réaction au feu d’un système porteur du bâtiment... Nous jouons alors le rôle de coordinateur entre les bureaux d’ingénierie spécialisés et le maître d’ouvrage. Ces études étant coûteuses, nous les réalisons uniquement quand elles sont nécessaires.
Comment envisagez-vous l’avenir de votre domaine d’activité ?
Nous devons nous tenir au fait de toutes les évolutions, à la fois technologiques et légales. Chaque nouvelle technologie présente un risque potentiel qu’il s’agit de mesurer et de limiter. C’est le cas par exemple de l’installation de chargeurs pour les voitures électriques dans les parkings souterrains. Par ailleurs, les directives de l’AEAI sont révisées tous les 10 ans. En 2026, nous devrions nous orienter vers une approche développant encore plus les méthodes de preuves et la définition de mesures de sécurité sur mesure, au cas-par-cas. En effet, les bâtiments ont tous des spécificités techniques et architecturales de plus en plus variées et il est de plus en plus difficile de les contraindre dans une norme standard. Nous veillons à anticiper ces évolutions afin de pouvoir renforcer efficacement notre département le moment venu.