Notre collaboratrice Sandra Klinke est responsable du Département Énergie chez A+W Genève. Experte du Contrat de Performance Energétique (CPE), elle revient sur le fonctionnement et les nombreux avantages de ce modèle d’affaires encore méconnu en Suisse et dont A+W Genève est pionnier.
A+W. Pouvez-vous expliquer ce qu’est le CPE ?
S.K. Le CPE est un contrat de partenariat entre un maître d’ouvrage et une entreprise de services énergétiques (ESCO : Energy Service Company). Il s’inscrit dans le cadre d’un projet de rénovation énergétique d’un bâtiment. Il s’agit d’un très ancien modèle d’affaires, dont les origines remontent au 19e siècle, aux États-Unis. Il est déjà très utilisé en Europe, alors qu’en Suisse, il n’en est qu’à ses débuts. Swissesco, association du CPE en Suisse que je préside, a pour principale mission de développer ce modèle d’affaires et de le faire connaître. Car le CPE est un outil très efficace, lequel peut aider les propriétaires de bâtiments énergivores à participer activement à la transition énergétique initiée par la Confédération.
Comment ce modèle d’affaires s’organise-t-il ?
Après avoir analysé sa consommation et fixé des objectifs à atteindre en matière de performance énergétique, le maître d’ouvrage confie la réalisation des travaux à une ESCO. Celle-ci s’engage à atteindre les objectifs d’économies d’énergie. En effet, elle a une obligation de résultat, et ce, sur toute la durée du contrat. Dans certains cas, l’ESCO peut également participer au financement des actions de performance énergétique et se rémunérer grâce aux économies d’énergie. Dans tous les cas, l’ESCO est rémunérée en fonction des économies d’énergie effectivement réalisées et le propriétaire a la garantie que les économies d’énergie couvrent les coûts du CPE.
Quels sont les avantages du CPE ?
Avant d’être une source de financement, le CPE représente une garantie sur les économies d’énergie que le projet de rénovation permet de réaliser. En effet, même les projets énergétiques les plus intelligents génèrent ce que l’on appelle un « energy performance gap ». Les économies d’énergie sont généralement estimées selon un référentiel qui ne tient pas forcément compte de la réalité quant à l’exploitation du bâtiment. Les bâtiments sont aussi de plus en plus complexes et ils ne sont pas forcément exploités conformément à la conception initiale. Actuellement, les entreprises ne sont pas tenues responsables de cet écart entre les économies souhaitées et les économies effectives. Avec le CPE, c’est désormais le cas. C’est un véritable changement de paradigme. Alors que la politique énergétique est essentiellement basée sur les moyens mis en œuvre pour réaliser des actions de performance énergétique, le CPE se focalise sur les résultats.
Comment A+W agit dans un projet de CPE ?
En Suisse, A+W est un véritable pionnier en matière de CPE. En 2017, j’ai été recrutée parce que j’ai rédigé une thèse sur le CPE à l’université de Neuchâtel et que je préside Swissesco, dont A+W est un des membres fondateurs. Nous bénéficions d’une véritable expérience et maîtrisons toutes les compétences nécessaires à la mise en œuvre d’un tel projet. Concrètement, nous intervenons en qualité d’assistant-maître d’ouvrage (AMO). Nous accompagnons et conseillons celui-ci à chaque étape : nous réalisons les études préliminaires, établissons les appels d’offres et sélectionnons les ESCO, nous pouvons également suivre la réalisation des travaux et valider les performances énergétiques pendant la durée du contrat. Nos ingénieurs aident également le maître d’ouvrage à comprendre et à définir le plan de mesure et vérification des économies d’énergie réalisées grâce à leur certification IPMVP. C’est important, car il est toujours difficile d’estimer l’énergie non consommée et de le prouver. En somme, nous jouons le rôle de « facilitateur », d’intermédiaire entre le maître d’ouvrage et l’ESCO.