On n’aborde pas un bâtiment classé comme une construction ordinaire. Dépassant l’expression architecturale, ces ouvrages enrichissent notre regard historique et constituent les repères vivants de notre mémoire collective. Intervenir sur l’un d’eux fait plonger les ingénieurs que nous sommes dans un passionnant enjeu patrimonial, où il s’agit de normaliser la thermique, la ventilation, l’acoustique et autres flux, sans altérer le caractère originel du lieu.
Passer du temps pour s’imprégner du lieu
Les bâtiments anciens ont une âme, paraît-il. La sensation du passé se plairait-elle à stimuler notre imagination ? À l’évidence, la personnalité de ces édifices force le respect et crée le désir de pérenniser. En cela, les architectes et la commission des monuments et des sites produisent un travail préparatoire sans lequel rien ne serait possible. Nous travaillons main dans la main avec ces experts qui nous guident dans l’Histoire et nous la font aimer.
Le risque de la nostalgie
L’ancien confronte au risque d’une vision nostalgique des lieux, prêtant une valeur supérieure à tout objet, pourvu qu’il soit ancien. Or, les coûts de mise aux normes décident à la place du cœur : certains bâtiments ne sont pas rentables à restaurer, dans une transformation technique vouée in fine, au confort d’usage et à la sécurité.
Les paramètres changent avec le temps
Nous sommes souvent étonnés par l’ingéniosité des dispositifs d’antan et surtout la qualité de leur réalisation.
Que ce soit pour rafraîchir ou chauffer, les bâtiments anciens ne cessent d’étonner par leur cohérence et leur robustesse. On construisait pour durer, à l’époque !
Pourtant — des nuisances sonores extérieures à l’accroissement des flux humains —, ils sont confrontés à de nouveaux paramètres qui nécessitent leur modernisation pour qu’ils continuent à assurer leur fonction, souvent publique. Nous avons ainsi le privilège de contribuer à la pérennisation des lieux, grâce à une technologie d’avant-garde au service du patrimoine.
Des (mauvaises) surprises pour le maître d’ouvrage, parfois
Il arrive qu’un projet de rénovation ou de transformation aboutisse à une demande de classement, puis au classement du bâtiment. Pour le propriétaire, le désir de valoriser son bien passe alors sous l’influence d’organismes d’état, dont le devoir est avant tout patrimonial. Ce n’est pas toujours bien compris, notamment lorsque le projet de transformation apporte une valeur ajoutée d’usage ou d’esthétique et qu’il est recalé pour raison de signature architecturale. Le phénomène touche souvent les biens privés, fermes anciennes, demeures historiques et autres lieux de valeur. Pour les amateurs de pierres anciennes, nous ne saurions trop conseiller la vigilance et la consultation d’un architecte et des autorités, en cas de doute.