Facteur de progrès sans précédent pour le secteur du bâtiment, le BIM est au service de la transition numérique du territoire. Il permet une interaction centralisatrice, immédiate à toutes les étapes, pour tous les projets et les intervenants de la construction. À la tête de notre entité ALWEOL depuis sa fondation il y a 18 mois, Adrien Casado répond à cinq questions thématiques sur le BIM.
A+W. Dans la finalité éthique, qu’apporte le BIM ?
Adrien Casado. Il offre la possibilité de mieux mesurer la consommation d’énergie et l’empreinte carbone du bâti et de ses fonctionnalités de chauffage, de rafraîchissement, de ventilation. Le BIM s’inscrit dans le concept de « Smart Building » consistant à améliorer la dépense énergétique tout au long du cycle de vie de l’édifice. Il permet, grâce à des capteurs de contrôle, de localiser les zones les plus fréquentées et d’affecter les ressources là où elles sont nécessaires. L’information sur la consommation d’énergie est également mise à la disposition des occupants du lieu, avec un effet très productif sur l’éveil des consciences. Avec le BIM, le bâtiment est intelligent et distribue la ressource en fonction des besoins immédiats, avec des variations d’intensité selon les habitudes des utilisateurs.
Comment le BIM se développe-t-il en Suisse ?
En Angleterre comme dans les pays scandinaves, le BIM accompagne les grands projets depuis près de 20 ans, alors qu’en Suisse, cela date de moins de dix ans. Il est rétrospectivement impossible de savoir qui, des maîtres d’ouvrage ou des maîtres d’œuvre est à l’origine de son essor. Toujours est-il que cela ne se passe pas sans difficulté. Les normes SIA n’ont pas encore réussi à établir la réglementation et les conditions générales du BIM. Leur publication provoquera des changements dans la répartition budgétaire habituelle des projets de construction. De plus, les formations universitaires certifiantes sont assez récentes en Suisse - j’ai moi-même donné le premier cours BIM en 2018, à la HEIG VD (Haute École d’Ingénierie et de Gestion du canton de Vaud). Nous avons un déficit de compétence sur le marché. Mais, tout comme l’Allemagne, nous progressons vite et nous pouvons être confiants sur la mise à niveau helvétique dans le concert international.
Quelle est la situation du marché pour le recrutement ?
La Suisse est constituée à 97 % de TPE/PME. Dans notre profession, cela se traduit par une politique de formation restreinte, généralement en raison du manque de moyens. C’est particulièrement le cas dans les cantons centraux où il y a peu de cabinets d’ingénieurs à même de financer les programmes BIM. À Genève, Bâle ou Zurich, ce sont les grandes structures telles que la nôtre qui soutiennent ces apprentissages spécifiques. Il faut admettre qu’actuellement, les principaux viviers de compétence et de recrutement restent les pays limitrophes, notamment la France.
La Suisse est dans une phase de transition certes, mais elle progresse vite : l’intégration BIM s’accentue surtout à Genève, où les demandes d’autorisation des permis de construire permettent désormais la technologie BIM.
Comment se concrétisent le « M », pour modélisation, le « I », pour information dans la pratique du BIM ?
Dans l’acronyme BIM, le « I » signifie information et le « M » modélisation.
Dans les premières années, les ingénieurs se limitaient à la production des maquettes BIM, afin de sortir les « livrable » sous forme de plans papiers. Puis ils ont perçu l’extraordinaire valeur ajoutée de l’information liée aux éléments de construction : dimensions, équipements, détails techniques, caractéristiques produits, données fournisseurs, etc.
Ces informations, intégrées dans l’objet et disponibles « ad vitam aeternam » en quelques clics sont très utiles à la maintenance du bâtiment durantson cycle de vie. Il est évident que des formations de « BIM managers de l’information » devront être lancées très rapidement.
En quoi ALWEOL possède-t-elle une particularité face à ses concurrents ?
Sans aucun doute l’expérience acquise au fil des années, qui nous permet d’offrir à nos clients des solutions répondant réellement à leurs besoins à long terme. Précurseurs, nous développons également notre spécialisation dans la gestion de l’information pour faire face à la demande croissante des maîtres d’ouvrage et d’œuvre. Nous nous reconnaissons parfaitement dans le concept de Smart Building, en particulier dans l’évaluation de la durabilité (sociale, économique et environnementale), qui est la sixième dimension du BIM.