A+W Lyon, une antenne française qualifiée en performance énergétique, en contrôle et en gestion de la qualité de l’air

La percée des marchés français au début des années 2000 par Amstein+Walthert a ouvert la voie à une implantation définitive dans l’hexagone. En 2014, une antenne a ainsi vu le jour à Lyon intégrant quatre ingénieurs experts en performance énergétique et en qualité de l’air intérieur des bâtiments. Une spécialisation qui fait l’objet d’un master 2 peu répandu, puisque nous dénombrons une dizaine de diplômés en France par an et une cinquantaine seulement en activité. Autant dire une denrée rare qui fournit un travail de sensibilisation important et désormais incontournable auprès des acteurs de la santé et de la construction. Manon Capitan a accepté de nous parler de son métier d’ingénieur au sein de sa nouvelle équipe lyonnaise.

Quel événement a suscité cette implantation en France ?
Les premiers clients français du bureau de Genève ont été gérés par Corentin Maucoronel, actuel directeur d’Amstein+Walthert Lyon et directeur adjoint d’Amstein+Walthert Genève. Cette percée du marché français, au fur et à mesure des opérations réalisées, a contribué au développement des compétences sur la France. Rappelons que nos réglementations s’avèrent assez différentes ; je pense à la réglementation thermique française. Il était donc nécessaire d’établir une antenne dans l’hexagone avec des personnes possédant les connaissances requises. Aujourd’hui nous intervenons sur des missions spécifiques, par exemple en tant qu’AMO Energies et bureau d’études photovoltaïque pour la réhabilitation de Bouygues Challenger à Saint-Quentin en Yvelines.

Quel rôle avez-vous dans l’entreprise ?
J’ai rejoint le bureau de Lyon au début du mois de mai cette année, avec des compétences en qualité de l’air intérieur et qualité sanitaire du bâtiment; je suis diplômée du seul master 2 qui existe pour l’instant en France, le RISEB, acronyme de « risque en santé de l’environnement bâti ». Bureau d’ingénierie d’un côté qualité de l’air et ventilation de l’autre, deux sujets qui sont indissociables, qui nécessitent d’internaliser cette compétence.

Comment s’organise votre structure française ?
Globalement, Amstein+Walthert fournit des prestations d’ingénierie en CVC « Ventilation Chauffage Climatisation », en sanitaire et en électricité. Nos plus grosses entités offrent un vrai conseil et un accompagnement en performance environnementale, management de l’énergie, planification énergétique territoriale et physique et écologie du bâtiment. Tous les bureaux suisse et français travaillent de manière transversale. Notre antenne de Lyon s’adosse aux départements d’ingénierie romands quand nous avons besoin d’une compétence particulière. Même si nous intégrons de nouvelles compétences à Lyon, pour des projets volumineux, nous profitons du savoir-faire de nos collègues lausannois, genevois ou zurichois.

Quelle est votre cible, à qui vous adressez-vous ?
Principalement à des maîtres d’ouvrages privés ou publics lors de constructions ou de réhabilitations de bâtiments, mais aussi à des collectivités territoriales. Nous sommes actifs sur tout le territoire français, et notamment sur un marché rhônalpin particulièrement dynamique. Le bureau de Lyon rayonne également en Suisse romande pour toutes les prestations liées à la qualité de l’air intérieur.

Concrètement, à quel stade intervenez-vous dans les projets ?
Aux quatre niveaux de la construction: la programmation, la conception, la réalisation et l’exploitation. Nous travaillons très en amont, parfois même avant qu’un architecte soit désigné, lors de la description d’un programme de réhabilitation et de construction. Nous collaborons avec le programmiste pour définir les objectifs, compte tenu du contexte dans lequel s’implante le bâtiment et en fonction de ses occupants. Selon le type d’immeuble, tertiaire, hospitalier, scolaire, les buts seront différents. Ensuite, nous pouvons agir au niveau de la conception au sein de l’équipe du maître d’œuvre en travaillant sur la qualité sanitaire des matériaux de construction. Il convient ici de considérer les émissions de COV (composés organiques volatiles), et d’évaluer les risques de moisissures. La Loi française encadre les émissions en polluants volatils de tous les produits de construction et de décoration depuis septembre 2013. Nous collaborons avec les dessinateurs dans la réalisation des systèmes de ventilation, sur la prise en compte des matériaux du réseau aéraulique et sur les débits d’air entrants et sortants. A ce propos, la dernière réglementation française pour le renouvellement de l’air dans les logements date de 1982. Autant dire qu’elle a vieilli et s’adapte mal aux nouvelles réglementations thermiques ! La Suisse, elle, applique les normes SIA, bien mieux appropriées aux modèles actuels. Du point de vue de la conception nous sommes compétents dans la certification environnementale telle que la labellisation HQE en France, le label Minergie-Eco en Suisse ou encore la certification Breeam.

Qu’en est-il de la réalisation ?
Nous voyons fleurir des chartes de chantiers verts et notre travail consiste à fournir nos connaissances sur les aspects sanitaires et les bonnes pratiques, comme le stockage à l’abri de intempéries des matériaux de construction ; nous préconisons de boucher les réseaux aérauliques et hydrauliques avant leur pose, afin de prévenir toutes contaminations bactériennes, microbiologiques, voire même physico-chimiques, avant leur mise en œuvre. Nous proposons des prestations de mesure de qualité de l’air à réception afin de vérifier que ce qui a été mis en œuvre en programmation et en conception répond aux exigences. Des vérifications qui peuvent aussi faire l’objet de certifications environnementales. Ces mesures sont effectuées avant l’emménagement des occupants, car nous savons que le mobilier présente un impact sur la qualité d’air. Les panneaux de particules et les panneaux de fibres étant composés de résines synthétiques ou de colle et de copeaux de bois, quand les chants ne sont pas protégés, ils dégagent des émanations potentiellement allergisantes pendant plusieurs mois. Parmi ces polluants, nous retrouvons le formaldéhyde qui favorise les allergies chez les personnes sensibles.

Quels sont à ce propos vos autres domaines d’interventions ?
Nous intervenons également sur des bâtiments déjà existants. Nous travaillons pour des crèches, des résidences étudiantes, des écoles maternelles ou encore des pôles médico-sociaux, dans des lieux où sont accueillies des personnes sensibles. Les mesures d’air ponctuelles ou continues révèlent parfois des taux de formaldéhyde supérieurs à la réglementation ou aux recommandations émises par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Dès janvier 2015 en France, la règlementation prévoit que toutes les crèches et les écoles accueillant des enfants de moins de six ans devront faire réaliser des mesures de qualité d’air intérieur pour mesurer la concentration en formaldéhyde et en benzène dans l’air ainsi que le taux de confinement par mesure du dioxyde de carbone qui est également un indicateur du bon fonctionnement de la ventilation. Si ces valeurs sont dépassées, nous en recherchons les sources : mobilier, système de ventilation et de chauffage, les fournitures scolaires, produits d’entretien... Il peut par ailleurs s’agir d’interventions ponctuelles liées à la demande d’un maître d’ouvrage qui veut valoriser son parc immobilier au travers d’une certification environnementale globale en mettant l’accent sur les aspects de confort et de santé ou qui veut répondre à une plainte des occupants sur la qualité de l’air. Nous jouons un rôle d’accompagnement et de conseil auprès des entreprises et des collectivités, nous émettons des recommandations pour pallier à ces dysfonctionnements tout en prenant en compte les contraintes budgétaires des concernés.

D’après vous, quels sont les atouts d’Amstein+Walthert sur le territoire français ?
Notre savoir-faire et notre expertise sont appréciés et bien reçus. La rigueur du travail suisse est une qualité reconnue et nous sommes compétitifs par rapport à d’autres bureaux français. En terme de qualité de l’air intérieur, la France est particulièrement en avance, mais de bonnes pratiques sont aussi mises en place en Suisse de façon instinctive, voire culturelle, grâce aux convictions éco responsables des citoyens helvétiques !

Qu’est-ce que vous savez des projets de développement d’Amstein+Walthert en France ?
Nous projetons un effectif d’une quinzaine de personnes à moyen terme au sein du bureau de Lyon. J’aimerais souligner l’importance de travailler en collaboration avec les ingénieurs en génie climatique qui sont les cœurs de métier historiques d’Amstein+Walthert.

Manon Capitan
Manon Capitan, ingénieur en qualité de l’air intérieur et qualité sanitaire du bâtiment