Cruauté du destin, le conflit russo-ukrainien succède brutalement à la crise sanitaire, rappelant que l’énergie n’est pas seulement un produit de négoce, mais aussi un redoutable levier géopolitique. Notre histoire récente a pourtant connu des précédents avec les deux chocs pétroliers de 1973 (guerre du Kippour) et 1979 (chute du Shah d’Iran). Or, en Suisse comme partout en Europe le confort est devenu un droit inscrit en principe immanent de la vie quotidienne. Le signal est pourtant clair : le renforcement de notre indépendance énergétique nationale est une priorité, dans un double effort de sobriété et de production décarbonée.
Le privilège d’intervenir sur les progrès possibles
L’actualité internationale brandit le spectre du stress énergétique, de la récession, pire encore, de la menace nucléaire tactique. Cette communication de crise devenue routinière sur les réseaux sociaux provoque un sentiment d’impuissance.
Mais, bien involontairement, elle met aussi en lumière le privilège de notre entreprise d’agir dans le cadre de sa compétence, la durabilité, et de son triple engagement social, économique et environnemental aligné sur l’agenda 2030 de la Confédération.
Comme le vertueux colibri de la légende amérindienne, nous faisons notre part au service de la performance énergétique du bâtiment, dont on sait que sur une période de trente ans, 75 % du coût global est affecté à l’exploitation. Notre mission consiste à réduire ce pourcentage et à rationaliser la consommation d’énergie et de matières premières.
Genève, un modèle ?
Actuellement, le parc bâti est responsable de plus de 50 % de la dépense énergétique du canton. Le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire étant assurés à 90 % par des systèmes à base d’énergie fossile, la recherche d’une alternative s’impose dans la continuité des progrès réalisés : en 1996, la consommation de chaleur de 6500 immeubles locatifs dans le canton avoisinait 700 MJ/m2, soit près de 20 litres par m2, alors qu’aujourd’hui elle se situe à 13 litres par m2, ce qui correspond à 32 % de réduction.
En faisant converger la législation, l’implication de plus en plus forte des Genevois.es, le recours aux matériaux écologiques, les énergies durables et leur part dans le mix total, nous sommes convaincus que notre région s’inscrira aux avant-postes du combat environnemental. Dans cet esprit, le nouveau règlement d’application de la loi sur l’énergie mis en application au mois de septembre, porte sur la substitution des énergies fossiles en faveur des énergies renouvelables lors du changement des installations de production de chaleur (chaudières), et sur l’assainissement du seuil de l’indice de dépense de chaleur à 125 kWh/m2.an (450 MJ/m2.an). Abaisser le seuil de l’IDC permettra d’engager un processus d’optimisation et de rénovation énergétique de la majorité du parc bâti.
C’est donc bien dans notre travail, notre cohésion et notre confiance en l’avenir que nous atteindrons nos objectifs citoyens, sans donner prise au pessimisme et à l’affolement dont les réseaux sociaux se nourrissent.
Matthias Achermann
Directeur A+W Genève