Nous avons rencontré Pascal Schrader, notre chef de projet spécialisé dans les systèmes Sprinkler et expert en installations d'extinction à eau, pour mieux connaître son département devenu une valeur ajoutée déterminante d’A+W Genève.
Pascal, pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste votre métier et comment vous vous êtes spécialisé dans ce domaine ?
Le terme "Sprinkler" est une désignation couramment utilisée dans notre métier, bien qu'il fasse partie d'un ensemble plus large d'installations d'extinction automatique à eau. D'origine genevoise, j'ai quitté la Suisse à 23 ans pour un séjour linguistique de six mois en Australie, mais ce voyage s'est transformé en une aventure de 15 ans, au cours de laquelle j'ai débuté ma carrière dans le secteur des installations d'extinction à eau. Détenteur d'un CFC d'automaticien, j'ai obtenu en Australie une équivalence dans le domaine de la protection incendie et des systèmes d’extinction à eau, qui est très structuré là-bas, avec une formation spécifique de quatre ans. Celle-ci couvre divers modules, notamment les systèmes d'extinction à mousse, les systèmes de surpression avec des pompes, les bâtiments de grande hauteur ainsi que les systèmes plus spéciaux comme les installations déluge ou encore les brouillards d'eau ou les extinctions par gaz. Depuis le début de ma carrière, je me consacre entièrement à ma spécialité, ce qui me distingue des chefs de projet en Suisse, dont beaucoup viennent du secteur sanitaire.
Quels sont les prérequis pour une conception efficace d’un système d'extinction à eau ?
Notre implication doit se faire dès les premières phases du projet, car les systèmes d'extinction à eau forment un réseau complexe qui s’étend à travers tout le bâtiment, souvent intégré sous dalle, ainsi que sous les faux-plafonds. Il est essentiel que nous participions aux discussions initiales pour garantir que nos contraintes techniques soient prises en compte, tout en nous adaptant aux spécificités structurelles et architecturelles du bâtiment. Par exemple, les buses Sprinkler doivent être installées à des intervalles précises, tant entre elles qu’avec les obstacles / parois, ce qui nécessite une planification rigoureuse. Si ce travail est retardé, le projet risque de subir des installations irrégulières et coûteuses. Pour les bâtiments et espaces sensibles, tels que les locaux informatiques ou les parcs de machines et zones à haut risque, nous proposons diverses solutions adaptées comme les systèmes d’extinction à double facteur d’activation, par gaz ou par brouillard d’eau.
«Chaque buse Sprinkler possède un fusible ou une petite ampoule remplie de liquide qui réagit à la chaleur. Lorsque la température atteint un certain seuil, l'ampoule éclate, libérant l'eau sous pression pour éteindre le feu.»
Question de profane : comment se déclenche un Sprinkler ? Et comment l'arrête-t-on une fois activé ?
Chaque buse Sprinkler possède un fusible ou une petite ampoule remplie de liquide qui réagit à la chaleur. Lorsque la température atteint un certain seuil, l'ampoule éclate, libérant l'eau sous pression pour éteindre le feu. Une fois activé, le Sprinkler ne peut être arrêté que par une personne compétente en fermant la vanne principale, ce qui interrompt l'alimentation en eau du système. Il est conçu pour agir rapidement et limiter les dégâts, contrairement aux interventions manuelles avec lance incendie, souvent désastreuses.
Quelles sont les normes en vigueur pour les installations Sprinkler ? Vous avez mentionné l'AEAI, pouvez-vous nous en dire plus ?
L'AEAI, ou Association des établissements cantonaux d'assurance incendie, est l'organisme qui régit les normes de protection incendie en Suisse, y compris celles concernant les installations Sprinkler. Récemment, notre bureau à Genève a obtenu la certification AEAI, ce qui témoigne de notre expertise et de notre engagement à respecter les standards les plus stricts dans ce domaine. Il existe peu de bureaux d’ingénieurs au bénéfice de cette certification.
Avec l'évolution numérique de l’ensemble des secteurs d’activité rapide, voyez-vous une place pour l'intelligence artificielle dans votre domaine ?
Absolument. Nous utilisons déjà des logiciels pour effectuer des calculs hydrauliques en 3D, et l'intelligence artificielle commence à s'intégrer dans ces processus. Cependant, notre métier reste très spécifique et demande une expertise pointue que l'IA ne pourra pas remplacer entièrement à court terme. Les qualifications resteront cruciales pour exercer dans ce domaine.
Sur quels types de projets travaillez-vous principalement ?
Nous intervenons dans tous les domaines, mais les projets les plus importants sont souvent industriels. Cela dit, nous voyons de plus en plus de Sprinklers dans des écoles, et une évolution probable de la protection des parkings, aujourd'hui confrontés aux incendies de véhicules électriques, qui se caractérisent par leur intensité et leur difficulté d’extinction.
Et si vous aviez une baguette magique pour changer quelque chose dans votre métier, que feriez-vous ?
J'aimerais voir plus de formations et de certifications dédiées aux systèmes d'extinction. Cela permettrait de former davantage de personnes avec des connaissances spécifiques pour travailler dans ce domaine sans nécessairement passer par des formations aussi poussées que celles que j'ai suivies.