Interview partenaire - François Baud : « Sur la question environnementale, la solution passe par la prise de conscience. »

Né de l’association de François Baud et Thomas Früh en 1990, l’atelier d’architecture F. Baud & T. Frūh SA s’engage depuis de nombreuses années pour une architecture au service de la transition énergétique et de la préservation écosystémique. Cinq questions posées à François Baud sur sa vision de l’architecture durable, dans le neuf ou la rénovation du bâti.

A+W. Quel parcours vous a conduit à la réflexion écologique ?
François Baud. Si les projets de rénovation se caractérisent souvent par des contraintes techniques ou de sauvegarde, ils convoquent aussi le sujet de la normalisation énergétique. Nous avons rapidement pris conscience de notre responsabilité dans l’optimisation des ressources, ce qui m’a personnellement amené à suivre un master en énergie et développement durable. Notre métier consiste à penser des objets d’habitat ou d’activité dans une dimension urbanistique et architecturale intégrant dès le départ les enjeux énergie-climat. Nous souhaitons aussi modifier le regard des maîtres d’ouvrage en apportant des solutions rentables et performantes face à l’évolution de la législation et au défi écosystémique.

Comment accompagnez-vous la réglementation pour le bâti et le programme de transition énergétique à Genève ?
Les projets de construction comme l’optimisation de l’ancien permettent non seulement de réduire l’empreinte carbone de la Cité, mais aussi d’agir sur les pratiques de consommation et l’éveil des consciences environnementales.
La loi fixe des objectifs quantifiés. À cette exigence, l’architecte ajoute celles de l’esthétique, du confort, de la gestion autonome, du rapport entre l’investissement et la performance.
L’impératif de sobriété est antérieur au conflit russo-ukrainien, ce dernier nous rappelant néanmoins notre impréparation face à l’instabilité géopolitique mondiale, conséquence de l’insouciance de notre société par rapport à cette question fondamentale.

Avez-vous des solutions à proposer, au-delà de ce que nous connaissons déjà ?
Rien ne pourra se construire durablement par la seule législation ; nous devons avant tout stimuler la réflexion citoyenne sur notre responsabilité commune et notre interdépendance dans la gestion des ressources et la préservation de la nature. La valorisation des énergies locales et propres et le calibrage de nos besoins sont des bases sur lesquelles nous pourrions nous appuyer pour structurer notre fonctionnement social. Il pourrait être intéressant de redéfinir un espace de vie idéal intégrant la spatialité, la dimension énergétique, la durabilité, le taux d’occupation, la mobilité. Nous devons réviser les effets pervers d’un certain mode de vie et principalement d’un individualisme énergétique révolu.

Votre atelier a-t-il intégré l’approche BIM ?
Très tôt, cet outil nous apporte maîtrise et cohérence, il nécessite cependant des protocoles solides éloignant le risque d’une captation des données.

Quelles raisons vous ont amené à collaborer avec A+W Genève ?
Pour des objets d’une certaine importance, nous apprécions la collaboration avec un interlocuteur unique disposant d’un large faisceau de services et d’un haut degré de compétences. C’est le cas d’A+W Genève, qui se distingue également par sa capacité d’innovation et un certain avant-gardisme technologique au service de la durabilité. Nous collaborons bien entendu également avec des bureaux d’ingénieurs de plus petite taille, pour des mandats correspondants.
Nous travaillons actuellement avec A+W Genève sur le projet du site Firmenich, dont le réaménagement tertiaire à destination des services cantonaux soulève notamment les questions du rafraîchissement, du chauffage et de la ventilation. Dans ce cadre, nous observons une très productive logique de collaboration orientée sur les objectifs définis avec le maître d’ouvrage, tant dans l’usage que dans l’équilibre énergétique.