Comme le fait judicieusement remarquer le penseur Philippe Granarolo, les sociétés traditionnelles ont de tout temps respecté les anciens pour leurs connaissances accumulées tout au long d’une vie, alors que les sociétés industrialisées, où la technologie évolue sans cesse, donnent le pouvoir aux jeunes générations rendues maîtresses des outils digitaux. Je considère personnellement que, plutôt que d’y voir une dualité, il y a là un formidable motif de convergence générationnelle, entre expérience technologique et expérience existentielle. Mais, cette richesse qu’est la somme de l’innovation et du vécu doit dépasser la notion de performance au sein de l’entreprise, pour bâtir le monde d’aujourd’hui et de demain. De quoi ce dernier sera-t-il fait ?
Amstein + Walthert a fait de l’optimisation des ressources énergétiques dans la construction, son modèle. Si pour nos clients maîtres d’ouvrage, la préoccupation est souvent économique, pour nous, professionnels, elle doit répondre à la question du rendement certes, mais aussi et surtout, éveiller les consciences sur la nécessaire prise en compte de l’enjeu environnemental planétaire.
La fin de l’obligation du télétravail décrétée au mois de juin dernier a initié un retour à la normale de l’activité pendulaire, avec tout ce que cela comporte de conséquences sur la production de C02. De même, le trafic aérien de Genève Aéroport, bien que dérisoire par rapport aux chiffres de 2019*, confirme sa reprise. Sachant que les émissions de C02 et la pollution atmosphérique mondiale ont effectivement chuté en 2020 au plus fort de la crise sanitaire, en raison de la réduction drastique des activités industrielles dépendantes du charbon et du pétrole, il serait maintenant dommageable de ne pas profiter de l’expérience pour engager une réflexion systémique.
On ne doit pas compter sur les effets de l’épidémie pour transformer nos sociétés, mais sur notre intelligence collective. L’économie planétaire doit réétudier ses modèles pour apporter une réponse durable au défi immédiat du changement climatique, de l’environnement et des inégalités sociales, et disposer d’un programme d’ensemble.
D’autant que l’on peut craindre un important rebond de pollution post-pandémique. Les grands producteurs industriels ne ménagent pas leurs efforts pour retrouver leur croissance passée, en recourant aux colossaux plans de relance offerts par les gouvernements et aux opportunités que leur offrent les situations de crise.
La solution est en nous !
Nous pouvons agir au quotidien. C’est d’ailleurs ce que nous faisons d’ores et déjà dans notre pratique professionnelle. Mais, nous pouvons aussi nous diriger à titre individuel vers l’identification et la valorisation de toute politique ou initiative luttant contre l’emballement climatique et l’érosion de la biodiversité. Nous devons garder en tête qu’il nous faut impérativement limiter le réchauffement à 1,5°C pour protéger notre biotope, et par conséquent l’humanité tout entière. Chacun de nous doit poursuivre sa réflexion sur sa propre mobilité et ses modes de consommation liés à l’élevage, à la culture agricole et à la production de matières premières. Pour cela, il est certain que l’expérience de ceux qui ont vu cette planète accélérer sa dégradation en moins de 50 ans, associée à la maîtrise technologique et aux aspirations sociétales des jeunes générations horrifiées par le legs environnemental qui leur est fait, devrait constituer un fort levier politique et communicationnel pour retrouver l’équilibre écologique.
*passagers août 2019 : 1 657 082 > août 2020 : 543 691 > août 2021 : 948 117
Matthias Achermann
Directeur A+W Genève