Docteur en économie, ingénieur diplômé de l’école Nationale Supérieure des Mines, puis directeur de l’Office cantonal de l’énergie de l’État de Genève, Lauréat du Xème Grand Prix européen de l’Urbanisme 2013-2014, Olivier Epelly a rejoint le groupe Amstein+Walthert le 1er mars 2018. 5 questions pour découvrir le plan d’action de cet homme de vocation.
A+W : Olivier, pourriez-vous résumer votre mission ?
Olivier Epelly : Conseiller les collectivités publiques et les entreprises dans la définition de leur stratégie énergétique et environnementale, puis les accompagner dans la mise en œuvre.
Pourquoi revenir au secteur privé après avoir dirigé un office cantonal pendant 10 ans ?
Avant de rejoindre l’État, je travaillais dans le domaine de l’énergie comme consultant pour l’industrie et c’est donc un retour plus qu’un changement. J’y vois une continuité dans ma perception précoce du défi de la transition énergétique, qui s’incarne aujourd’hui dans la stratégie énergétique suisse ; j’apprécie de me renouveler dans un cadre différent, en qualité de consultant au lieu de représenter l’autorité fixant le cadre, mais toujours au service de la transition écologique. Matthias Achermann et Corentin Maucoronel souhaitaient promouvoir l’activité de consulting auprès des grands comptes, publics et privés ; nous avons rapidement conclu un accord de collaboration pour développer cette activité à Genève.
Créer une clientèle n’est pas aisé. Comment pensez-vous réussir ?
On ne peut rêver un lancement plus propice, car il s’inscrit dans le contexte de la nouvelle stratégie énergétique de la Confédération. La prise de conscience écoresponsable est actée par la politique nationale, ce qui facilitera la mobilisation des collectivités publiques et du monde industriel ; de plus, les mesures fixées par l’appareil législatif pour amener ces acteurs importants à l’amélioration de leur performance énergétique et environnementale motiveront le changement.
La Suisse a récemment ratifié l’Accord de Paris sur le climat et s’est engagée à réduire, d’ici 2030, les émissions de gaz à effet de serre de 50 % par rapport à 1990. Le Conseil fédéral planifie des réductions d’au moins 30 % sur le territoire suisse. Il y a donc du pain sur la planche !
Quelles sont vos cibles prioritaires ?
Ce sont les collectivités publiques et les grands consommateurs d’énergie.
Les communes s’engagent à juste titre, car elles détiennent des leviers d’action et parce qu’elles portent une part de responsabilité dans la transition énergétique sur leur espace. D’une part, grâce à leur proximité et aux relations qu’elles entretiennent avec les entreprises et propriétaires des bâtiments sis sur leur territoire, d’autre part du fait qu’elles ont des compétences administratives nombreuses, par exemple en matière d’aménagement et de construction, mais encore sur l’utilisation du domaine public, par lequel le passage de réseaux énergétiques souterrains peut être facilité.
Ce sont des partenaires qui, s’ils ne détiennent pas systématiquement un grand parc immobilier, n’en ont pas moins une vision d’avenir et la volonté de s’engager et d’engager tous les acteurs de leur territoire, avec une approche d’écologie industrielle ou en encourageant les propriétaires à rénover. Des projets innovants sont conduits dans ce sens. Les exemples sont nombreux, mais citons par exemple le projet Onex-Rénove où la Ville d’Onex et le canton accompagnent les propriétaires de la Cité d’Onex pour rénover, ou encore le projet « Sortir du mazout » de la commune de Bernex. Cela s’illustre notamment par le fait que près de la moitié des 45 communes genevoises sont labellisées « Cités de l’énergie », dont 6 d’entre elles au niveau Gold le plus élevé (Bernex, Confignon, Vernier, Genève, Grand-Saconnex et Meyrin).
Les plus grands consommateurs d’énergie du canton sont d’autres acteurs importants. Près de la moitié de l’électricité dépensée dans le canton est consommée par 600 d’entre eux ! Ces acteurs sont tenus d’engager un programme d’efficacité énergétique tous les 10 ans dans un environnement changeant au niveau de la régulation du marché, de la fiscalité énergétique et des technologies, par exemple l’émergence des autoproducteurs et des smart grids. Certains d’entre eux n’ont pas pris la mesure des changements à venir et des choix cruciaux à faire pour optimiser durablement leur consommation d’énergie et sécuriser leur approvisionnement. Sans objectifs clairs déclinés par une stratégie et un plan d’action ad hoc, ils risquent d’en payer le prix alors qu’ils peuvent au contraire intégrer cette mutation dans leur stratégie générale et maîtriser leurs charges, voire réduire leurs investissements en utilisant à bon escient les instruments de soutien de la Confédération ou des cantons.
Notre rôle est de leur expliquer de façon simple les enjeux, contraintes et opportunités et de leur apporter des solutions pérennes.
Quel programme de prestations envisagez-vous ?
Nous proposons des analyses stratégiques complexes aux cantons, communes, collectivités publiques. Rompus aux particularismes de la cité, nous les aiderons à jouer un rôle important dans leur propre développement énergétique, au bénéfice de tous, et dans la perspective des changements imposés. Il en est de même avec le secteur industriel, pour conduire sa normalisation et l’optimisation de ses coûts de fonctionnement.
Bien pensée, une stratégie énergétique deviendra à terme un actif de l’entreprise. Comment ne pas s’enthousiasmer pour une telle mission !